Savoir Devenir est un pilier de l’éducation, rajouté aux quatre piliers antérieurs au numérique, —savoir être, savoir faire, savoir apprendre et savoir vivre ensemble (rapport Delors, UNESCO, 1996)—, pour rendre compte de la capacité de la personne à se projeter dans l’avenir, avec ses envies, ses besoins et ses connaissances. Cette capacité est facilitée par l’augmentation numérique, qui permet d’activer un répertoire de e-stratégies, toutes liées à des réalités cognitives permettant de surveiller l’environnement grâce aux médias et de résoudre des problèmes : le jeu (résolution de problèmes), la simulation (modélisation dynamique), l’agrégation de contenus (mise à jour de soi), l’échantillonnage (pour éditorialiser et remixer des contenus), l’interaction multi-taches avec les outils numériques, la navigation trans- et cross- media (contrôle du savoir), le réseautage (pour la collaboration et l’intelligence distribuée) et la co-ordination pair-à-pair (pour la création de communautés et la co-construction de connaissances). D’autres e-stratégies sont en émergence, dont il faut faire la veille…
Savoir devenir propose une inversion des processus et méthodes d’éducation pré-numériques, pour augmenter les « capabilités » (Amyarta Sen, 1985 ; Nussbaum, 2011), faire face aux mutations numériques et développer une éthique et une esthétique de vie. Ces objectifs peuvent être atteints sans passer par les programmes des disciplines mais en sont complémentaires. Les activités d’aide, de tutelle, de mentorat et d’étayage font partie du Savoir devenir car l’apprentissage ne se passe pas seul mais nécessite des médiations (humaine, pédagogique, technique) et des communautés participantes. Savoir devenir s’appuie sur les dernières connaissances sur le cerveau et la socio-cognition ainsi que sur les cultures de l’information pour ce qui est des compétences en Education aux Médias et à l’Information (EMICOMP) augmentées par les compétences en littératie numérique (DIGICOMP).
Les formations associées au Savoir Devenir sont guidées une conception pédagogique dynamique, socio-cognitiviste et socio-constructiviste. Les formations sont centrées sur l’apprenant, et en méthode agile, à savoir itératives, améliorables, transférables, et augmentables selon les besoins et selon les ressources humaines et technologiques à disposition. Elles ne visent pas l’acquisition de contenus en soi, mais la maturité épistémique de l’apprenant : sa capacité à apprendre à apprendre, à apprendre à (se) réfléchir et à apprendre à se projeter dans des projets engageants, seul et avec d’autre. Elles s’appuient sur une approche « DIY et SWO » : DO IT YOURSELF et SHARE WITH OTHERS, à savoir sur l’autonomie et le partage.
Références :
Delors, Jacques. 1996. L’éducation, un trésor est caché dedans, Paris, Odile Jacob.
Nussbaum, Martha. 2011. Creating Capabilities: The Human Development Approach, Cambridge, Harvard University Press.
Sen, Amyarta. 1985. Commodities and capabilities, Amsterdam, North Holland.