Dans des pays situés en zone de conflits, la désinformation – sous forme de rumeurs, propagandes et autre théories du complot – peut avoir des conséquences sévères. En République Démocratique du Congo (RDC), en alimentant les discours de haine, elle nourrit les conflits inter-ethniques, les violences faites aux femmes, les heurts autour et dans les camps de réfugiés, le rejet des casques bleus et des puissances extérieures, tout comme elle a démontré être un problème de santé majeure lors épidémies d’Ebola et de la Covid 19.
Lutter contre le phénomène revêt ainsi une importance et une urgence particulière. C’est dans ce cadre que Savoir Devenir a eu l’honneur d’être sollicité pour mener, auprès du réseau des clubs humanitaires Club RFI une action de formation qui, nous l’espérons, devrait permettre à des projets locaux de voir le jour. Cette action s’est menée en deux temps. Tout d’abord, à distance, à travers la mise à disposition d’un cours en ligne adapté, grâce à l’association de fact checking CongoCheck, à la spécificité de la RDC. Façon classe inversée, les participants venant de diverses provinces du pays, ont pris connaissance des contenus proposés, pour se retrouver toutes les semaines en webinaire thématiques permettant de clarifier les concepts, de recueillir les expériences des participants et de débattre au sein de cette communauté.
En un second temps, ce mois de septembre 2023, deux formatrices de Savoir Devenir (Sophia Hamadi et Pascale Garreau) se sont rendues à Kinshasa pour mettre la théorie en pratique. Durant quatre journées intenses, dans le cadre de relations riches en échanges, chacun s’est approprié la méthodologie propre au montage de projets d’Education aux Médias et à l’Information, adaptée au contexte local et a pris le temps d’explorer une sélection de ressources et bonnes pratique. Une rencontre avec un fact-checkeur de Congo Check a également permis de renforcer les capacités de vérificateurs de l’information des participants. L’essentiel du travail mené a toutefois porté sur la création concrète de projets structurés portant sur les besoins spécifiques et très divers des différents clubs, dont certains ont choisi de bâtir des actions régionales basées sur des synergies préexistantes.
Au total, ce sont 11 projets qui ont vu le jour, intégrant tous des stratégies d’évaluation et de pérennisation, et formatés de sorte à pouvoir prétendre à des financements. En tant que facilitatrices, nous sommes ravies de voir les participants se sentir désormais légitimes pour mener des actions EMI et dotés des outils, ressources et méthodologie nécessaires pour travailler. Et nous avons hâte de voir leur mise en œuvre sur le terrain, et de découvrir les bénéfices que cette formation auront pu apporter aux communautés des Club Rfi qui y ont pris part.